UT TENSIO SIC VIS : "La déformation est proportionnelle à la contrainte" Traduit en langage polytechnicien : plus tu forces, plus la matière entre… (Crédit: Mathieu Cloutier, le Polyscope, 2002) Polytechnique. À Montréal, ce mot a plusieurs significations, surtout cette semaine. Toute personne ayant déjà fréquenté l’université sait à quel point le campus universitaire est sanctuaire. L’école en question devient presque une seconde maison tellement nous y passons du temps. Des heures à écouter les profs, à finir des travaux sur des ordis un peu moche (en tout cas, dans mon temps!), à tenter d’entrer dans la bibliothèque avec de la nourriture en cachette (café, hamburgers, soupes, j’étais l’experte) pour étudier encore des heures et des heures, à rencontrer des camarades dans les corridors et se questionner sur la matière, à travailler avec un groupe de gens étrangers car c’est la prof qui a choisi les membres de ton équipe et non toi (bon…encore moi qui fera la présentation au podium car tout le monde a peur de parler), et bien plus encore. En tant qu'étudiant, nous connaissons tous les coins. Tout le personnel de la cafétéria, la petite madame du café, les salles de bains des années 70s qui sont trop froides, les corridors ornés des cadres de bacheliers, bachelières remontant aux années 1900s, l’auditorium remplie d’étudiants et un peu de musique, et la fameuse porte d’entrée… Difficile de penser que certaines personnes ont l’intention d’y entrer pour tout saccager et briser l’aura de protection qui règne dans ces établissements. Pourtant, le 6 décembre 1989, c’est ce qui s’est passé et ce, basé sur le genre des personnes. POLYTECHNIQUE, LA LÉGENDAIRE Je fais partie d’une famille pour qui les études et la réussite académique sont très valorisées. Mes parents, mes oncles et mes tantes ont tous un parcours d’études universitaire, même mes ancêtres portaient un nom de famille dérivé du mot ‘’scolaire’’…il va de soi que je suis tombée dans la marmite quand j’étais petite et que naturellement, j’ai toujours aimé l’environnement scolaire de mon côté aussi. À vrai dire, le monde académique, celui du savoir, m’a toujours impressionné et m’a toujours fait un peu peur en même temps. Depuis un très jeune âge, j’admirais souvent la photo de graduation de mon père dans le salon. C’est une photo assez grande, qui remplit tout le cadre. Mon père, relativement jeune dans cette photo, est vêtu d’une toge et d’une ceinture un peu poilue qui attirait toujours mon attention. Ensuite, je portais mes yeux sur le regard rêveur qu’avait mon père…wow. Plus tard, en grandissant et que j’étais au primaire, c’est là que les histoires et anecdotes inspirantes de mon père lors de ses études ont commencé à parsemer ma vie. C’était toujours au bon moment, soit quand j’éprouvais des difficultés avec certaines mise en situation mathématiques, que le père tout puissant (je parle bien du mien!) m’arrivait avec des explications pour m’aider; suivi par une anecdote qui me ne me lassait jamais indifférente : « Pour accéder à l’université à l'école Polytechnique, j’ai dû faire une année de spécialisation en mathématique étant donné que j'avais gradué en tant que technologue en génie civil. » Moi à voix haute : silence. Moi dans ma tête : QUOI?!? Oh wow! Il a dû travailler sans relâche pour faire un an juste de maths! Et surtout, pour se rendre au but ultime de devenir ingénieur. « Lors d’un de mes premiers cour à Polytechnique, le professeur nous adressa la parole : ‘regardez votre voisin de gauche et de droite, ils ne seront peut-être plus là avant la fin du trimestre' j'avais initialement éclaté de rire en classe, j’ai rapidement compris que j’étais moi aussi le voisin de gauche et de droite de mes camarades! Il fallait s'y mettre! » « Un de mes professeurs qui nous enseignait au CEGEP Ahuntsic, enseignait aussi à Polytechnique, c’est lui qui nous avais dit que, tout dépendant de ce que nous ciblons comme carrière, une technique au niveau collégiale seule ne nous ouvrent pas certaines portes…cela m'a fait réfléchir. Je me suis donc investi dans un parcours plus long, mais qui menait à beaucoup plus d’opportunités. » Ces tranches de vie cheminaient dans mon esprit et me motivait à vaincre mes peurs et à constater que de travailler fort, clairement, porte fruit. Mon père connaissait toujours toutes les formules géométriques quand je faisais mes devoirs. À chaque fois que je lui posais une question pour n’importe quel niveau de mathématique, il avait toujours la réponse ou alors, les bons réflexes pour résoudre la problématique. Un vrai dieu des chiffres et d’un raisonnement théorique inégalé, je me demandais toujours comment il faisait pour se souvenir de tout cela? Il avait terminé ses études depuis un bon moment non? Tranquillement, je comprenais que mon père avait étudié à la légendaire université de Polytechnique et la vraie signification de la ceinture qu'il portait. Effectivement, ‘’seuls des champions sortent de la Poly’’ m’a déjà confirmé un des mes jeunes clients en counselling il n’y a pas si longtemps. ENRICHIR UN PROCESSUS DE RÉFLEXION COMPLEXIFIé Il n’est donc pas surprenant que je portais dans mon balluchon cérébral toutes les fameuses histoires que mes parents (ma mère était aussi très impliquée dans les activités universitaires de mon père) m’ont racontées à travers le temps. Cela a toujours été une source d’inspiration pour moi. Je me souviens- jadis, il fut un temps…en 2001 (ha-ha), je prenais mon rôle d’étudiante tel un emploi. Je sentais avoir eu ma place auprès ‘’des grands’’ pour y étudier la psy. Maintenant, à moi de jouer…et à cet instant commença ma propre aventure, et ce fut huit années de ma vie que je n’oublierai jamais. Ce que l’université m’a apporté de plus précieux, est la relation que j’ai développé avec moi-même et la discipline pour atteinte de mes objectifs. Je crois que cela a été un des plus beaux cadeaux de la vie car c’est réellement durant cette période que j’ai découvert ma persévérance et à quel point j’étais prête à faire les sacrifices nécessaires pour ouvrir ces fameuses portes. J’ai appris que ce qui fonctionnait pour les autres, ne s’appliquait pas forcément à moi J’ai découvert qu’il me fallait plus de temps d’études et que l’écoute en classe ne suffisait pas (j’ai besoin de pratiquer ce que je viens d’apprendre pour bien le comprendre). J’ai appris qu’il fallait parfois challenger l’autorité lorsque nécessaire (une certaine prof qui a fait une ‘erreur de calcul’ pour ma note finale). J’ai vaincu ma relation tendue avec les maths et stats pour accéder aux études de cycle supérieur (parce que tant qu’a accéder au cycle supérieur, pourquoi ne pas y parvenir en détruisant la porte d’entrée la plus dure?). J’ai surtout rapidement réalisé qu’il n’en revenait qu’à moi pour réussir et à personne d’autre et que la passion pour ce qu’on pratique vient avec le temps… J’ai posé la question à mon père. Qu’est-ce que son passage à Polytechnique lui a appris de plus important? Et le père répondit (héhé) : « Surtout la manière de réfléchir. Comme ingénieur (génie civil), il faut toujours penser en terme de prévoyance. L’impact sur la société, la sécurité, l’environnement et la durabilité. …la discipline pour y arriver. Nous travaillions pendant des heures et des heures. Une fois l’université terminée, le travail était presque comme une pause à comparer. Les professeurs qui encouragent ont un grand impact, ce qui était le cas des professeurs de Poly, tout particulièrement pour moi, Dr. André Bazergui qui était très présent. » LES ÉTUDES, UN PRIVILÈGE… Dans le fonds, les études universitaires sont comme une série d’obstacles qui nous forcent à sortir de notre zone de confort pour développer les bons outils intellectuels pour s’en sortir. C’est la démonstration que nous avons le désir de commencer et de terminer un projet de longue haleine. Je voulais absolument voir cet établissement dont j’ai toujours entendu parler et marcher les corridors de cette université avec mon père. Des corridors qu’avaient aussi connus 14 femmes. Des femmes, comme moi, qui avaient pris leur place sur les bancs universitaires. Plus que prêtes à s’investir et à être ingénieures mais qui ont perdu la vie lorsqu’elles étaient en train de le devenir. Des êtres humains qui méritaient, elles aussi, d’avoir ce regard rêveur dans leur photo de graduation et ce sentiment d’invincibilité que tout jeune étudiant connait. C’est aussi pour cela que je tenais à visiter le campus de Polytechnique avec mes parents. Le weekend dernier, nous y sommes allés et ce ne fut pas sans frissons pour moi en entrant les anciennes portes de cette légendaire université. Je dédie ce texte à :
Merci… Bee xx |
AuthorMy name is Ivana. I love photography and meeting people. I hold a Master's in counselling psychology and work as a career consultant. Music is my fuel and an important source of energy in my life. I drive my vespa around the city and I love what I do! :) About this blog: me on my artistic soap box! My first novel!Sign up to get notified with my blog updates!
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